Chapitre 4 : L’impact sur les proches et amis

Les différences familiales face au deuil

Après la mort de mon frère, ma famille a un peu sombré dans le chaos.

Tout le monde avait du chagrin, mais pas de la même façon. Ça nous a pris du temps à trouver une bonne façon d’en discuter.Mon frère cadet et moi, nous sommes des parleurs. Nous nous sommes donc rapprochés l’un de l’autre pour partager notre chagrin et échanger nos souvenirs. Ma sœur et ma mère, elles, ne veulent pas en parler, parce que ça leur paraît trop difficile. Mais ce sont deux « faiseuses ». Ma sœur plante son chagrin dans son jardin, pendant que ma mère cuisine sans arrêt et offre ses plats à tout le voisinage. Chacune a sa façon de vivre son deuil.

Chaque famille, tout comme chacun de ses membres, a sa propre façon de vivre son deuil. Vous ou d’autres membres de votre famille pourriez trouver choquant ou décevant de découvrir que vous ne vivez pas tous votre deuil de la même façon. Vous pourriez ressentir plus de distance ou de trouble les uns envers les autres que vous l’auriez cru possible ou, au contraire, constater un rapprochement que vous n’aviez jamais vécu, du moins pas depuis longtemps. La plupart du temps, les deux sentiments cohabitent.

La survenue d’un décès dans la famille n’efface pas toutes les complexités des relations, et elle peut même en rajouter. Cliquez sur chacun des encadrés ci-dessous pour découvrir des exemples de situations courantes que vivent les familles endeuillées.

Chaque famille a sa propre façon de réagir aux difficultés. Certaines familles sont du genre stoïque : elles cachent leurs émotions ou pleurent « derrière des portes closes ». Dans d’autres familles, les gens sont ouvertement affectueux et expressifs, et leur style de communication ouvert leur donne de la facilité à discuter de ce qu’ils pensent et ressentent.

Au sein d’une famille, plusieurs formes de deuil peuvent se manifester. Vous remarquerez peut-être que certains membres de votre famille expriment facilement leurs sentiments, tandis que d’autres se concentrent sur les tâches pratiques ou l’étude de leur expérience par la lecture ou la recherche sur Internet. Des problèmes surviennent parfois quand la façon dont une personne fait face à la situation diffère de celle de tous les autres membres de la famille.

Parfois, les membres de la famille tentent de se « protéger » les uns les autres de troubles supplémentaires en mettant leurs proches à l’abri des émotions fortes. Cette réaction consciente ou non vise souvent à éviter de troubler quelqu’un ou d’alourdir son chagrin. La crainte de voir le trouble d’une personne en rendre une autre plus troublée encore peut devenir une source de malentendus ou de sentiments d’isolement.

Les circonstances peuvent vous avoir empêchés, vous ou d’autres personnes, d’être avec votre frère ou votre sœur au moment de son décès. Si personne n’était présent, vous pourrez trouver un certain réconfort à parler ensemble des pensées et sentiments qui découlent de cette situation. Si certains étaient présents et d’autres pas, il peut être utile de parler de vos expériences différentes.

Le décès d’un membre de la famille a souvent pour effet d’amplifier les conflits ou enjeux existants, ce qui pourrait vous amener à affronter d’autres pertes et déceptions.


Considerations

La tolérance, la compréhension et une bonne communication pourront vous aider à progresser dans votre propre deuil et à laisser les autres en faire autant. Vous devrez peut-être trouver un moyen de vous donner mutuellement un peu de « mou », le temps de surmonter vos différentes difficultés.


Quelques idées...

  • Rappelez-vous qu’aucune façon de vivre son deuil n’est nécessairement meilleure qu’une autre. La communication ouverte peut aider tout le monde à comprendre ou à accepter les différences qui se manifestent dans le deuil.
  • Le fait de voir quelqu’un pleurer peut déclencher des larmes et de la tristesse, mais ce n’est pas vrai que cela nous cause une douleur supplémentaire; c’est plutôt une douleur préexistante qui se révèle.
  • Échanger sur les expériences et les sentiments de chacun sur le fait d’avoir été présent ou absent au moment du décès peut contribuer à éliminer les présuppositions et les malentendus, et adoucir le ressentiment ou les regrets.
  • Il est généralement difficile de gérer un conflit familial après un décès, mais les situations difficiles peuvent parfois ouvrir la voie à de nouvelles façons de rapprocher les gens. Si les tensions deviennent ingérables, les éclaircissements et les suggestions d’une conseillère ou d’un conseiller professionnel en deuil pourront vous aider.