Chapitre 3 : Après un certain temps
Votre deuil au fil du temps
Ma plus grande surprise a été mon couple. Au début, nous n’étions pas certains de nous en sortir ou d’être de nouveau heureux un jour. Retrouverions-nous un jour une vie normale? Or, contre toute attente, nous avons survécu. C’est la seule option, en fait. Je suis fière de nous.
Un jour, je me suis rendu compte que je m’étais levée naturellement, sans procrastiner, pleurer ou me faire violence pour sortir du lit. C’était un premier pas, et j’ai réalisé que c’était un progrès. J’ai ri parce que j’étais fière de moi, puis j’ai pleuré parce que je trouvais que j’étais une mère indigne. Je me suis dit : « J’ai perdu mon bébé il y a deux semaines, je ne devrais pas aller si bien. »
Le deuil peut surprendre par sa durée ou par les reculs qu’on vit alors qu’on pensait être en train de remonter la pente. C’est tout à fait normal.
Il pourrait y avoir des périodes où vous souhaitez éviter la compagnie de familles ou d’amis qui ont des enfants ou qui attendent un bébé. Vous pourriez aussi souhaiter limiter ou modifier vos interactions sur les réseaux sociaux.
À mesure que le temps passe, vous pourriez vous demander à qui votre enfant aurait ressemblé ou ce qu’il serait devenu une fois adulte. Vous aurez peut-être toujours une conscience aiguë de la date à laquelle il est né, devait naître ou aurait vécu une étape marquante de sa vie, comme l’entrée à la maternelle, la fin du secondaire ou ses 16 ans.
Peut-être aussi que vous ne retiendrez pas ces dates, et il n’y a rien de mal à cela. C’est parfois surprenant de constater ce qui peut provoquer une vague de chagrin. Par exemple, vous pourriez appréhender l’approche de la date de l’accouchement, mais constater le jour venu que votre chagrin est gérable. À l’inverse, un événement imprévu ou anodin, comme une émission de télévision où un personnage fait une fausse-couche ou perd un enfant, pourrait provoquer une vague d’émotion.