Chapitre 6 : À l’approche de la mort
Les derniers changements physiques
À la fin, sa respiration a changé si brusquement que j’ai appelé son médecin.
Chez une personne qui n’a plus que quelques minutes ou quelques heures à vivre, il se produit des changements physiques notables, qui concernent surtout la couleur de la peau et la respiration et qui indiquent souvent que le corps cesse peu à peu de fonctionner. C’est le processus normal de la mort. Aucun traitement médical ne peut y changer quoi que ce soit.
Ces changements sont souvent très inquiétants pour les proches au chevet de la personne malade, qui n’ont, pour la plupart, jamais rien vu de semblable. À ce stade final, la personne malade n’est vraisemblablement pas consciente et ne perçoit sans doute pas ces changements, qui ne la font d’ailleurs probablement pas souffrir.
Cliquez ci-dessous pour en savoir plus sur ces changements et l’ordre dans lequel ils se manifestent.
La circulation sanguine cesse progressivement, de sorte que les mains et les pieds refroidissent et la peau des extrémités se marbre d’une coloration pourpre inégale. Il arrive aussi que la peau du visage devienne bleutée ou pourpre parce qu’il y a moins d’oxygène dans le sang. Le cœur tend à battre plus rapidement, mais moins fort, ce qui fait que le pouls est rapide et parfois difficile à percevoir. Tous ces changements sont normaux et ne sont pas pénibles pour la personne en fin de vie. Il suffit parfois de tamiser l’éclairage dans la pièce pour que ces colorations inhabituelles soient moins manifestes.
Une personne qui approche de la mort absorbe moins de nourriture et de liquide et produit donc moins de matières fécales, de sorte que le transit intestinal ralentit. Il n’est généralement pas nécessaire de traiter la constipation à ce stade. Cette diminution des matières fécales fait que l’incontinence n’est pas courante, mais le cas échéant, il y a lieu d’utiliser des produits absorbants comme un protecteur de matelas étanche, et de demander aux prestataires de soins de nettoyer les alentours de l’anus.
La production d’urine diminue aussi à mesure que la personne malade absorbe moins de liquides. Dans les deux derniers jours, il se peut même qu’elle n’urine plus du tout. S’il y a perte de contrôle de l’urine, le meilleur traitement consiste souvent à introduire un cathéter dans la vessie et à le relier à un sac de collection. Le cathéter évite les lésions cutanées que l’humidité pourrait provoquer.
Les changements dans la respiration sont en général le signe physique le plus probant de l’approche de la mort. Ils ne signifient toutefois pas que la personne malade souffre. Si vous vous en inquiétez, surveillez l’expression de son visage et l’agitation ou le calme général plutôt que le rythme de la respiration et le taux d’oxygène.
Des changements peuvent :
- modifier le rythme ou la vitesse de la respiration;
- modifier la profondeur de la respiration;
- modifier la régularité de la respiration;
- toucher les muscles utilisés pour respirer;
- entraîner l’accumulation de mucus ou de sécrétions du fait que la personne est incapable de tousser; entraîner l’apparition d’une infection.
Il arrive que des sécrétions s’accumulent dans les poumons, ce qui produit une sorte de râle ou de gargouillis troublants pour certain.e.s. Techniquement, c’est le « râle agonique ». Il est peu probable que cette situation fasse souffrir la personne mourante si elle est inconsciente. Il existe toutefois des médicaments qui assèchent les sécrétions si celles-ci causent de l’inconfort à la personne mourante. Le traitement des sécrétions rend également la situation moins stressante pour les proches qui souhaitent rendre visite à la personne mourante.
Il arrive que se produisent quelques mouvements de respiration très légers après le « dernier souffle ». Il s’agit de réflexes et non de signes de détresse respiratoire.