Chapitre 5 : Les enfants au chevet d’une personne mourante
Préparer les enfants
Je pensais que ce serait plus facile d’expliquer la situation à ma fille : après tout, je suis infirmière! Pourtant, c’est la chose la plus difficile que j’aie dû faire parce que c’était personnel et que ça m’allait droit au cœur. Il n’y a pas de règle qui détermine le temps à passer au chevet d’une personne mourante.
Tout dépend du degré de développement et de la personnalité de l’enfant mais, peu importe l’âge, tous les enfants peuvent tirer parti de ces moments ensemble.
Il importe de préparer les enfants à ce qu’ils risquent de ressentir au chevet de la personne mourante. Si l’enfant cohabite avec le mourant, il aura l’avantage de voir les choses évoluer plus graduellement, ce qui sera peut-être moins bouleversant. Certains enfants auront besoin d’en savoir beaucoup plus que d’autres, notamment ce qui se passera à mesure que la mort approche, tandis que d’autres voudront tout au plus savoir ce qui se passe à ce moment précis. Prêtez attention aux signaux qu’émettent les enfants pour comprendre dans quelle mesure elles et ils veulent être renseignés.
Voici quelques facteurs à considérer à divers moments, peu importe où se trouve la personne mourante. Cliquez sur chaque phrase ci-dessous pour voir comment préparer les enfants à rendre visite à la personne mourante et leur expliquer ce qui arrive à cette personne.
Faut-il éviter de faire du bruit ou de se déplacer dans la pièce? Y a-t-il de l’équipement que les enfants doivent éviter de toucher, par exemple, une pompe servant à administrer un antidouleur? Si l’enfant a besoin d’une pause, où pouvez-vous l’emmener pendant ce temps?
Expliquez aux enfants que la mort est un processus très fatigant. La personne peut être très faible et somnolente ou ne plus se réveiller du tout. Toutefois, même sans être éveillée, il se peut qu’elle entende encore et sache qui est auprès d’elle. Dans les heures qui précèdent la mort, même si la personne paraît dormir, il se peut que ses yeux soient ouverts sans cligner du tout. Elle pourrait même se réveiller et parler brièvement avant de mourir, ce qui peut être très surprenant pour toutes les personnes présentes.
Expliquez aux enfants que quand la mort approche, le corps n’a souvent plus besoin de manger ou de boire. Il est important de les aider à comprendre que la personne ne mange pas et ne boit pas parce que son corps arrête progressivement de fonctionner. Sinon, beaucoup pourraient croire que le corps de la personne meurt précisément parce qu’elle ne mange plus et ne boit plus. Dites-leur que même si cette personne mangeait ou buvait, elle ne resterait pas en vie plus longtemps.
Beaucoup de personnes reçoivent un antidouleur en fin de vie. Les enfants tendent à croire qu’on prend des médicaments pour guérir. Expliquez-leur que les antidouleurs aident la personne à se sentir moins mal, mais qu’ils ne vont pas l’aider à se rétablir ni l’empêcher de mourir. En fin de vie, les médecins arrivent généralement à diminuer beaucoup la douleur. Si toutefois la personne souffre beaucoup, essayez de tenir les enfants à l’écart jusqu’à ce qu’elle souffre moins.
Les changements qui se produisent dans le corps à l’approche de la mort peuvent provoquer de la confusion et de l’agitation chez une personne mourante. Il se peut que la personne ne reconnaisse plus les gens et ne sache plus où elle se trouve. Certaines personnes deviennent très agitées ou se mettent par exemple à tirer sur les draps. Il existe des médicaments pour atténuer ces effets.
Expliquez aux enfants ce qui se passe si la peau de la personne mourante a changé de couleur. Il se peut que la peau de grand-maman soit très jaune parce que son foie ne fonctionne plus correctement. Pendant les dernières heures de vie, les bras et les jambes deviennent très froids et certaines parties du corps prennent une teinte bleue (les lèvres, les genoux, les ongles des doigts et des orteils).
À l’approche de la mort, il arrive souvent que la respiration change. Soit elle devient irrégulière, et il y a alors de longs moments entre deux respirations, soit elle s’accélère ou devient plus régulière ou plus profonde. Dans les derniers jours, parfois, la respiration est très bruyante et s’accompagne de gargouillis, ce qui risque de perturber les enfants. Il pourra être utile de leur expliquer que c’est un peu comme les ronflements : le bruit est désagréable pour tout le monde, mais la personne malade n’en souffre pas du tout. Prévenez les enfants avant d’entrer dans la pièce que sa respiration n’est plus comme avant.
Quelques idées...
Beaucoup de parents ne savent pas à quoi s’attendre à l’approche de la mort et ont donc du mal à préparer les enfants. N’hésitez pas à demander à l’équipe soignante de participer à la conversation.
Employez un langage simple et concret. Appelez la maladie par son nom et évitez de remplacer les mots « mourant » et « mort » par des euphémismes. Si le père se meurt d’un cancer du foie, vous pourriez dire par exemple que « Papa a une maladie qui s’appelle cancer. Le cancer est dans son foie. À cause du cancer du foie, le corps de papa est en train de mourir.
Ressources utiles