Chapitre 5
Comment les gens font face à leur solitude
Voici trois cas de personnes endeuillées face à leur solitude. En les lisant, demandez-vous si certaines de leurs méthodes d’adaptation pourraient vous être utiles.
« Mon frère et moi, nous vivions ensemble quand nous avons emménagé dans cette ville. Il a reçu un diagnostic tout à fait inattendu de cancer très évolué, et il est mort à peine quelques mois après. Nous avions toujours été très proches. Nous avions les mêmes amis, et nous avions l’habitude de passer nos fins de semaine et nos vacances ensemble. Son décès m’a fait très mal.
Je n’avais jamais vécu seul. Il y avait toujours eu quelqu’un à la maison avec moi. La maison me semblait tellement vide, le silence était assourdissant. Je n’avais personne à qui raconter ce qui était arrivé de drôle dans le métro.
Thomas n’est plus là pour m’aider à régler nos problèmes familiaux comme il l’avait toujours fait. Le plus dur, ça a été d’affronter la solitude. Maintenant, je laisse la radio allumée toute la journée. Je me sens mieux avec ce fond sonore.
J’ai aussi dû apprendre à aller vers les gens, à inviter un ami à souper chez moi. C’est un gros effort qui, parfois, m’épuise, mais je vois que ça en vaut la peine. J’ai besoin d’être entouré, et c’est à moi de faire ce qu’il faut pour cela. »
« Avant, j’étais toujours le premier arrivé à la fête et le dernier à partir. Pour la première fois de ma vie, j’ai refusé des invitations à des soirées. Je constate que je préfère rester chez moi et éviter mes amis et ma famille. C’est trop me demander. Je sais que ça ne peut pas durer éternellement, parce que je me sens de plus en plus seul.
J’essaie de trouver d’autres options, comme d’accepter une invitation de temps en temps ou de rentrer tôt quand l’accablement m’envahit.
Marc, que je connaissais vaguement, est devenu un ami proche. Son partenaire est décédé il y a quelques années. Il sait ce que je vis et il assure mes arrières. Je peux compter sur lui pour m’accompagner et m’aider à faire mes tâches. »
« Mon couple est devenu célibataire à la mort de mon mari. Je n’étais pas prête à jouer la cinquième roue du carrosse avec nos couples d’amis. Puis j’ai remarqué qu’on ne m’invitait plus. Nos amis paraissent très nerveux à l’idée de parler du décès de Denis, et je sens qu’ils prennent leurs distances. Cette évolution de nos relations aggrave ma solitude.
Je sais que ce n’est pas par méchanceté, qu’ils ne savent simplement pas quoi dire ou faire. Je me suis rendu compte que c’est à moi de prendre les devants et même d’amener parfois la conversation sur les choses qui ont changé. Je trouve cela étonnamment valorisant de prendre l’initiative comme cela, et mes amis en couple semblent l’apprécier ».