Chapitre 4

Comment les gens font face à leur tristesse

Voici trois cas de personnes endeuillées face à leur tristesse. En les lisant, demandez-vous si certaines de leurs méthodes d’adaptation pourraient vous être utiles.

L’histoire de Pierre

« Mon partenaire et moi avons vécu 40 ans ensemble. Croyez-le ou non, nous nous connaissions depuis l’école secondaire. Il a été beaucoup plus longtemps présent dans ma vie qu’absent. Nous nous complétions vraiment bien. Tout le monde trouvait que nous allions bien ensemble. “Vous êtes un couple si charmant”, disait-on.

Depuis sa mort, je me réveille parfois en me disant que ça ne se peut pas que ma vie en soit rendue là. Nous avions tellement de projets qui ne se réaliseront jamais!

C’est tout un défi pour moi d’avoir de nouveaux projets depuis qu’il est mort. Dans un sens, j’ai peur de faire des plans, parce que je me dis qu’ils risquent eux aussi de ne pas se réaliser, et je ne sais pas si je pourrais supporter une autre déception.

Par contre, je vois aussi qu’il faut que j’aie des projets, sinon je vais finir par passer tout mon temps à la maison, à me complaire dans mon chagrin. Quand je finis par sortir et par donner suite à un projet, ça ne va pas aussi mal que je l’aurais craint. »

L’histoire de Dominique

« Ma fille Rébecca n’avait que 21 ans quand elle est morte. Ma vie ne sera plus jamais la même. Chaque fois que je me dis que je n’entendrai plus sa voix, ça me bouleverse. Je n’aurais jamais imaginé que ma vie pourrait changer autant d’un seul coup.

Je sais que ma tristesse affecte notre famille. Quand je commence à penser que ça n’ira jamais mieux, j’essaie de me dire que cette profonde tristesse est temporaire. C’est le chapitre le plus sombre de ma vie, mais je refuse que ce soit le dernier, pour moi comme pour ma famille. »

L’histoire de François

« De temps en temps, j’ai eu des épisodes de dépression. C’est de famille. Quand j’étais dans la vingtaine, j’ai vécu quelques années difficiles. Mes années d’université n’ont pas été faciles, pour toutes sortes de raisons. Mais je m’en suis sorti, avec l’aide de mes amis. Cette fois-ci, depuis que ma femme est morte, c’est autre chose.

Je n’avais jamais eu d’idées suicidaires. Je me suis mis à y penser par moments, quand j’étais nerveux et que j’avais l’impression de perdre le contrôle des événements.

Après avoir jonglé avec ces idées-là pendant quelques jours, j’ai décidé de ne pas obliger ma famille à subir mon décès en plus de celui de ma femme. Pour assurer la protection de ma famille et la mienne, je suis allé voir mon médecin de famille. »