Chapitre 3
Comment les gens font face à leur peur
Voici quatre cas de personnes endeuillées face à leur peur. En les lisant, demandez-vous si certaines de leurs méthodes d’adaptation pourraient vous être utiles.
« Dans les jours et les semaines qui ont suivi le décès de mon frère, il y a eu des moments où je croyais vraiment entendre sa voix dans la maison. Une fois, j’étais même certain de le voir marcher devant moi sur la rue. Ça m’a vraiment fait peur.
Je pensais que je perdais la raison. C’est en en parlant à un conseiller que j’ai appris que les hallucinations brèves sont courantes et normales aux premiers stades du deuil. Quel soulagement! »
« Les gens me donnent toutes sortes de conseils sur la façon de vivre mon deuil. Mais je me rends compte que je ne peux pas suivre ces conseils. Ça ne fonctionne pas dans mon cas. Pourtant, j’ai vraiment peur du jugement des autres. Par exemple, j’ai décidé de conserver une photo de mon mari dans mon sac à main. De temps en temps, je la regarde, même que je lui parle et je lui demande de m’aider. J’ai peur que les gens me reprochent de mal vivre mon deuil.
Avec le temps, je découvre qu’il y a des gens qui tolèrent les conversations au sujet de ma perte et les accueillent même avec bienveillance, tandis que d’autres essaient simplement d’y mettre fin le plus vite possible. J’essaie d’éviter d’en faire une affaire personnelle. »
« Ma nouvelle vie est remplie d’appréhension. Les nuits sont longues et terrifiantes. La maison est un lieu vide et effrayant. J’ai aussi l’impression d’avoir perdu ma confiance en moi sur le plan social. Je suis devenu très timide. Je ne me reconnais plus.
J’ai décidé de chercher de nouvelles façons de relaxer. Quelqu’un m’avait parlé des bienfaits de la méditation. Je me suis donc inscrit dans un studio de yoga. Je suis étonné de voir à quel point cela m’aide à sortir, à rencontrer des gens et à apprendre une nouvelle façon de relaxer. »
« Ça peut paraître étrange, mais j’ai peur d’oublier la personne décédée. Je me repasse sans cesse nos dernières conversations et les derniers moments que nous avons vécus ensemble.
Ce sont des moments douloureux, mais je trouve que c’est une bonne façon de maintenir le lien. Je n’ai jamais vécu de deuil de cette façon avant, et j’apprends beaucoup. Quelque part en moi, je sais qu’en fait, je ne risque pas du tout d’oublier la personne.
À force de penser à cette peur d’oublier, je commence à me demander si je ne cherche pas simplement à garder la personne dans ma vie. Je suis certaine qu’avec le temps, je vais trouver des moyens moins angoissants de me souvenir d’elle. »