Chapitre 3 : Traumatismes et deuils dans les communautés 2SLGBTQ+
Suicide
Je pense que j e n’oublierai jamais le matin où je me suis fait réveiller par ce coup de téléphone. Je n’ai pas arrêté de repasser tout ce qu’on avait fait la soirée précédente. En raison de la discrimination et du rejet constants, les taux de suicide chez les personnes 2SLGBTQ+ sont plus élevés que dans la population générale au Canada. Dans certains groupes communautaires, les taux sont plus élevés; par exemple, les personnes trans et autochtones, ainsi que les jeunes, sont plus à risque de se suicider.
Les suppositions des autres concernant le décès par suicide d’une personne 2SLGBTQ+ peuvent rendre votre deuil plus difficile. Vous pouvez avoir l’impression que la personne décédée est incomprise ou jugée, et que votre peine n’est pas vraiment reconnue.
Les circonstances entourant un décès par suicide contribuent souvent au traumatisme. Non seulement la mort est soudaine, inattendue et difficile à comprendre, mais les relations entre les personnes qui restent sont souvent modifiées. Il y a généralement un bouleversement émotionnel, et il se peut que vous ne puissiez pas compter sur les personnes qui vous soutiennent habituellement, car elles sont également en deuil. Entre autres facteurs pouvant contribuer au traumatisme après un suicide, mentionnons le fait d’être présent au moment du décès ou de trouver ou de manipuler le corps de la personne.
Un décès par suicide peut entraîner un sentiment accru de vulnérabilité, ce qui peut contribuer à faire surgir des pensées suicidaires. Dans l’ensemble, les personnes qui ont vécu une perte consécutive à un suicide présentent un risque plus élevé de suicide que celles qui pleurent d’autres types de morts, mais ce n’est pas tout le monde qui réagit de la même façon. Certaines personnes deviennent plus convaincues que jamais que la vie est précieuse, alors que d’autres se questionnent sur l’intérêt de continuer à vivre.
Passez la souris sur chacune des cases ci-dessous pour en savoir plus sur certaines des raisons pour lesquelles le deuil d’un décès par suicide peut être plus difficile.
Des questions sans réponse…
… sur les raisons pour lesquelles la personne a mis fin à sa vie ou pourquoi vous n’avez pas réalisé qu’elle y pensait.
Des réflexions…
… sur le fait que vous auriez pu faire quelque chose pour l’empêcher.
Un deuil non reconnu ou non soutenu…
… parce que la stigmatisation du suicide est peut-être mêlée à l’homophobie, à la biphobie ou à la transphobie.
La peur et l’inquiétude…
… pour vous-même ou pour d’autres personnes de votre communauté qui sont à risque.
- Les questions sans réponse occupent souvent une grande partie du deuil après un suicide. Bien que vous puissiez trouver certaines réponses, vous pouvez aussi trouver de nouvelles questions. Une partie de votre deuil peut consister à apprendre à vivre avec le fait de ne pas avoir toutes les réponses.
- Rappelez-vous qu’il n’était probablement pas possible, ni pour vous ni pour quiconque, de changer ce qui s’est passé, peu importe ce que vous saviez ou ne saviez pas.
- N’oubliez pas que ce décès affectera d’autres personnes que vous connaissez, mais pas nécessairement de la même manière que vous. Vous trouverez peut-être du réconfort et du soutien auprès de vos ami.e.s, de votre famille ou de votre communauté, mais vous devrez peut-être chercher un soutien supplémentaire de la part d’un.e conseiller.ère professionnel.le, par exemple.
- Résistez à toute envie de vous isoler dans votre deuil. Demandez de l’aide à des personnes qui vous soutiennent et peuvent répondre à vos besoins, comme votre médecin ou un.e guide spirituel.le. Recherchez un groupe de soutien en cas de deuil consécutif à un suicide qui accueille les personnes 2SLGBTQ+. Explorez les ressources locales et en ligne, comme les salons de discussion, les forums ou les lignes d’assistance téléphonique.
- Limitez vos interactions avec les personnes qui portent des jugements sévères sur la personne décédée, et prévoyez comment vous réagirez si vous faites face à des opinions négatives ou blessantes.
- Avec le temps, vous commencerez peut-être à penser davantage à la vie de la personne qu’à sa mort. Les rituels, activités commémoratives et autres cérémonies peuvent être stressants, mais ils sont aussi une source de réconfort et une chance d’évoquer des souvenirs. Vous pourriez, par exemple, regarder des photos, partager des anecdotes avec d’autres qui ont connu la personne ou lui créer un hommage.
- Si vous avez des pensées suicidaires ou si vous pensez que quelqu’un que vous connaissez a des pensées suicidaires, il est absolument essentiel d’aller chercher de l’aide professionnelle. Le Service canadien de prévention du suicide est accessible en composant le 1 833 456-4566.
Ressources utiles