Chapitre 2 : Deuil doublé d’un traumatisme
Affronter le système judicaire ou les médias
Ce sont les médias qui nous ont le plus traumatisés. Une des journalistes était très indiscrète et s’est même invitée aux funérailles. Je lui ai dit que notre peine n’était pas matière à nouvelles. J’ai aussi porté plainte au journal, et on a respecté notre demande.
Les jeunes publiaient des trucs sur Twitter à propos de la mort de mon fils avant même que je sache ce qui était arrivé. On a affiché une photo de son visage avec une tête de mort sur Snapchat. Il y avait plein de messages sur sa page Facebook, alors que je n’avais pas encore annoncé son décès à la famille.
Quand des parents perdent leur enfant à cause d’un meurtre, les médias et les policiers s’en mêlent toujours. J’ai le numéro d’un détective en composition abrégée sur mon téléphone. Ce n’est pas normal.
Certains décès requièrent l’intervention du système judiciaire et attirent l’attention des médias. C’est le cas pour un assaut, un accident, un événement qui cause la mort de plusieurs personnes et bien d’autres. L’intervention du système judiciaire ou des médias peut créer de nouveaux défis et constituer une autre source de traumatisme. Cliquez sur les encadrés ci-dessous pour découvrir quelques exemples.
…il peut être difficile d’exposer les détails de la mort en public à des étrangers.
…les reportages peuvent vous importuner, vous blesser ou vous affliger. Ils peuvent surgir à l’improviste et véhiculer de fausses informations, ce qui vous donne l’impression de perdre le contrôle et fait revenir des souvenirs accablants.
…vous devrez fréquemment revivre des détails que vous tentez d’oublier.
…ils peuvent vous peiner, vous ébranler ou causer une réaction traumatique.
…les termes juridiques, médicaux ou autres peuvent vous paraître froids ou difficiles à comprendre.
…vous déplorerez peut-être que l’accent soit mis sur la personne accusée plutôt que sur la victime.
…la décision peut contribuer à votre guérison ou elle peut aggraver le traumatisme, si vous la considérez comme injuste. .
La couverture médiatique et l’intervention du système de justice peuvent toutes deux faire ressurgir des souvenirs traumatiques et des pensées ou émotions troublantes.
Quelques idées...
- Assurez-vous de protéger votre vie privée et faites des démarches pour gérer les contacts avec les médias. Prenez une pause de la télé et des journaux, et tournez-vous plutôt vers les sources d’information électroniques qui vous permettent de choisir les reportages ou le moment de les regarder.
- Retirez-vous des médias sociaux qui vous font du mal.
- Vous pouvez également limiter votre implication dans les enquêtes en cours ou le procès. Ainsi, vous pourriez procéder à un « filtrage » des détails ou demander à quelqu’un de le faire pour vous.
- Si vous obtenez des renseignements perturbants concernant la mort de la personne, accueillez vos pensées et émotions, puis cherchez de l’aide. Vous aurez l’impression de faire un pas en arrière, mais rappelez-vous qu’il faudra du temps pour accepter ce que vous venez d’apprendre.
- Si vous avez du mal à comprendre les rapports ou autres documents, demandez des explications. Approchez quelqu’un que vous connaissez bien, ou ayez recours à un service professionnel, comme un cabinet d’avocats ou votre médecin de famille.
- Reconnaissez le fait que le système judiciaire n’est pas conçu pour répondre à vos besoins. Cherchez plutôt un soutien émotionnel et pratique auprès des personnes ou organismes qui pourront vous aider aussi longtemps que vous le jugez nécessaire. Sachez que vous ne serez peut-être pas en mesure de vivre votre deuil avant un certain temps, qu’il faudra attendre la fin d’un procès, par exemple.